Archives par mot-clé : fortifications

Défense des côtes bretonnes : Les corps de garde du type 1846

Batterie & corps de garde de Locqueltas — Île d’Ouessant


Vers le milieu du 19e siècle, un important programme de défense des côtes est mis en œuvre. Ce dispositif se caractérise, entre autres, par une série de corps de garde et de réduits du type 1846 et leurs avatars.

Parmi ces constructions, aujourd’hui encore très largement répandues le long des côtes françaises, on distingue deux formes élémentaires :

  • Tour crénelée suivant un modèle numéroté de 1 à 3
  • Corps de garde crénelé suivant un modèle numéroté de 1 à 3

Ils sont disposés soit en retrait d’une batterie de côte ou sous la forme d’un poste d’observation isolé.

Pour conserver à ce billet une dimension nécessairement contenue, seuls des exemples de corps de garde crénelés venant compléter une batterie de côte seront abordés.

La batterie, visible à gauche du corps de garde, est parfaitement conservée 


Ce type de bâtiments se caractérise par son apparente simplicité aussi bien au niveau architectural que par son agencement intérieur. Si des variations dans les détails de construction peuvent être observées, c’est d’abord la taille qui les distingue (n° 1 pour la taille la plus importante, n° 2 pour la taille intermédiaire, n° 3…). Cependant, au fil du temps de nouveaux modèles viendront s’y ajouter à partir de 1861 (modèle « renforcé »…).

Si le programme n’a pas atteint le volume escompté, ce sont entre 120 et 150 réduits qui auraient été construits. Les derniers ouvrages, déjà largement marqués par l’obsolescence, seront construits en 1862.

Aspect général

Une forme rectangulaire, une terrasse unique bordée d’un parapet dans lequel sont disposés des créneaux de fusillade, une défense assurée par deux bretèches sur chaque face.

Corps de garde n°3 pour 20 hommes de la batterie de Loqueltas – Île d’Ouessant (1862) Seul le pont-levis fait défaut et la plate-forme restituée informatiquement dans son état du 19e.

Organisation intérieure

Suivant la taille de l’ouvrage, deux ou trois chambres voûtées disposées entre des groupes de deux ou trois locaux disposés perpendiculairement aux petits côtés du rectangle.

L’accès à la terrasse se faisait à l’aide d’un escalier en bois à partir d’une des chambrées. Son débouché était abrité sous une voûte. Cette terrasse formant, en théorie une plateforme d’artillerie servait également à la collecte des eaux pluviales qui venaient alimenter une citerne.

Ph. Truttmann (1) apporte une précision particulièrement intéressante à propos de l’aménagement des chambrées : « Le couchage de la troupe était organisé comme dans la marine, en hamacs et non plus sur des lits de camp, ceci pour de louables raisons d’hygiène et de convertibilité des locaux. On se réservait, en effet, la possibilité de replier à l’abri dans les casemates, en temps de paix, une partie des pièces de la batterie, et la présence de lits de camp fixes l’eût rendu impossible. ». On en déduit que le corps de garde remplissait également le rôle de magasin d’artillerie, au moins en temps de paix !

L’entrée était précédée d’un pont-levis permettant de franchir un modeste fossé. Suivait un vestibule muni d’une seconde porte dite de sûreté. Son accès était défendu par des créneaux de fusillade ainsi qu’un assommoir !

L’éclairage est assuré par des fenêtres barreaudées en forme de demi-lune également disposées au-dessus des créneaux de fusillade. Dans ce cas, elles permettent aussi l’évacuation des fumées alors que les armes utilisent encore de la poudre noire. Le magasin à poudre était quant à lui pourvu des classiques évents organisés en forme chicane.

La batterie de Locqueltas (Île d’Ouessant)

Il s’agit d’assurer la défense du mouillage de la baie de Lampaul. Sur le site d’une batterie existante, une nouvelle batterie de côte et un corps de garde crénelé n° 3 élevé en 1861-1862 ont été installés. L’armement prévu pour la batterie de Locqueltas était de deux canons de 30 et deux obusiers de 22 cm.

Le corps de garde du modèle n°3 est prévu pour 20 hommes. Les travaux ont été réalisés en 1861-1862. Le site est déclassé dès 1889 et l’armement n’a probablement pas été mis en place (source P. Jadé).


Vol réalisé au mois de septembre 2017 (résolution maximale : 4k)

La forme est typique… elle utilise un plan-type presque parfaitement standardisé sachant qu’il peut y avoir quelques variantes locales suivant les chefferies. Elles portent essentiellement sur les créneaux et les bretèches. Ici la plate-forme a été restituée en supprimant les ajouts actuels et répondre ainsi aux souhaits du propriétaire.

Vue d’apex — L’aspect de la plate-forme a été restitué informatiquement pour correspondre à son état du 19e s. et ne correspond bien évidemment plus à son aspect actuel —  En bas, à droite, plateforme pour l’un des 4 canons de 75 Mle 1897 sur affût 1916 installés sur  Ouessant à la veille de la 2e guerre mondiale

La batterie…

Vue du front de mer : La batterie protégée par son parapet ainsi qu’un merlon le llong de la côte masquent le corps de garde au regard des navires.

Portfolio… Le corps de garde type 1846 s’expose.

Corps de garde crénelé n° 2, année « 1847 » dit « Fort de l’îlette de Kermorvan » (Le Conquet)

Destinés à mettre en état de défense l’anse des Blancs Sablons dont le dispositif s’étend de l’anse de Porsmoguer au nord (Plouarzel) à la pointe de Kermorvan au sud (Le Conquet)., six ouvrages sont construits de 1846 à 1852 et deux redoutes modernisées (à l’origine, des redoutes du 17e).

Le corps de garde crénelé de l’îlette de Kermorvan a été construit en 1847. Il s’agit d’un modèle n° 1 (2) permettant d’armer la batterie attenante. La batterie a été déclassée dès 1876.

Batterie de Kerdonis [Belle-Île – état octobre 2012]


Ce cliché permet de mettre en évidence la recherche d’une position défilée permettant une mise à l’abri tout à fait adaptée au regard de l’armement des navires dans les années 1840-1850.


Corps de garde crénelé n° 3, année « 1862 » de Calgrac’h et batterie du Kernic (Ouessant).

Défendant du mouillage de la baie de Béninou, le corps de garde et la batterie se présentent aujourd’hui dans un état très dégradé. Toutefois le site est intéressant puisque les bornes militaires sont encore visibles.



Orientations bibliographiques & liens sur la toile.

(1) TRUTTMANN (Ph.) – Les derniers châteaux forts. Les prolongements de la fortification médiévale en France (1634-1914). Thionville, Gérard Klopp, 1993.

(2) Un blog incontournable, surtout lorsqu’il s’agit des fortifications de côte de la première moitié du 19e : Association « 1846 »

Plus particulièrement…

1914-1918 — Vestiges du premier conflit mondial dans le secteur du Linge (Barrenkopf – Kleinkopf)

Les ballades dans les Vosges amènent souvent le randonneur à se confronter avec l’histoire : des nombreux châteaux forts médiévaux aux vestiges du premier conflit mondial. 

Une randonnée récente, nous a amené à (re)découvrir un secteur proche du Linge : Le Barrenkof et le Kleinkopf.

Aujourd’hui encore les stigmates et les vestiges des combats sont omniprésents, à l’exemple de cette portion du front entre le Linge et le Barrenkopf qui a fait l’objet de travaux de mise en valeur il y a quelques années.

Vue aérienne depuis le versant du Kleinkopf donnant sur Munster (cliché Balliet JM, 2017)

Le secteur illustré ici est à peine long de deux kilomètres mais entre le 20 juillet et le 16 octobre 1915, ce fut le lieu de l’une des plus sanglantes batailles de la Grande Guerre dans les Vosges. Elle coûtera la vie à plus de 17 000 soldats français et allemands

Un texte, qui figure a l’entrée des cimetières militaires, réalise une bonne synthèse des événements passés :

« Le 20 juillet la 7e armée attaque le Linge : la 129e D.I. du général NOLLET y prend pied tandis que la 47e D.I. échoue contre le Reichackerkopf. Les assauts recommencent le 22. Les chasseurs progressent vers le Barrenkopf. Le 26, le 30e B.C.A. prend la crête du Linge, le 14e B.C.A. le collet du Linge. Le Schratzmannele oppose une vive résistance, ses défenseurs ne cèdent pas. Le lendemain les Allemands font même quatre contre-attaques. Le 15e B.C.A. prend le Barrenkopf puis le reperd.
Le 29, nouveaux assauts français pour consolider les positions conquises. Le 1er août, les chasseurs (les Diables bleus) attaquent encore au Barrenkopf et au Schratzmannele. Dans tout le secteur du Linge, les actions d’infanterie se succèdent sans répit jusqu’au 26 août, jusqu’à ce que les deux adversaires s’accrochent aux sommets dévastés, séparés par le no man’s land.
Le 31, un violent pilonnage allemand d’obus à gaz s’abat sur le Linge, le Schratzmannele, le Barrenkopf, le Wettstein, long de plusieurs heures. Durant plusieurs jours les combats persistent. Le 9 septembre, des attaquent allemandes au gaz et aux lance-flammes se déroulent au Linge et au Vieil-Armand (Hartmannswillerkopf – HWK)
»

À partir de 1916, les Allemands fortifient puissamment leurs lignes qui deviennent ainsi  presque inexpugnables.

Le Barrenkopf…

Jusqu’alors masqué par une forêt assez dense, une coupe récente permet de découvrir les nombreux stigmates encore visibles, cent ans après !

Barrenkopf — Premières lignes françaises : les tranchées et les nombreux cratères d’obus sont parfaitement visibles.

Une courte vidéo (vue aérienne) du même secteur :

Vestiges des positions allemandes… Une tranchée et points d’appui parfaitement organisés !

Vestiges de la station du câble transbordeur allemand et de ses abris attenants

Vestiges sur le Kleinkopf… Boyaux, tranchées, abris, observatoire d’artillerie.

Un livre, un jour… Les fortifications de Vienne au 16e s. — Wien als Festungsstadt im 16. Jh.

OPLL F., KRAUSE H., SONNLECHNER CWien als Festungsstadt im 16. Jahrhundert. Zum kartografischen Werk der Mailänder Familie Angielini. Böhlau, 2017.


Si, pour nombre d’entre vous, hormis quelques spécialistes en fortifications particulièrement pointus et germanophones de surcroît, les fortifications de Vienne peuvent ne présenter que peu d’intérêt, vous auriez peut-être tort au regard de la richesse de cet ouvrage.


En effet, les fortifications de Vienne opèrent une profonde mutation sous la pression conjuguée des Turcs et des évolutions de l’architecture militaire. Sous l’influence des ingénieurs italiens par mi les plus célèbres, une imposante enceinte bastionnée va désormais défendre Vienne.


D’autres ingénieurs y feront également une apparition. C’est, plus particulièrement, le cas de l’ingénieur strasbourgeois Specklin (i. e. Speckle) dot l’influence sur les fortifications de l’espace germanique sera importante. À ce propos, les auteurs corrigent un certain nombre d’idées qui révèlent in fine erronées sur le rôle de Specklin à Vienne… Si Fischer (in FISCHER A. – Daniel Specklin aus Strassburg (1536-1589). Festungsbaumeister, Ingenieur und Kartograph. Sigmaringen, 1996) lui attribue un rôle actif et important, ce n’est de facto pas le cas. Cependant Specklin tire certainement de son séjour prolongé à Vienne de nombreux enseignements et apporte, par ses écrits, un témoignage de première main particulièrement précieux ! Pour ceux qui s’intéressent au célèbre ingénieur strasbourgeois, cet ouvrage un complément bienvenu !


Enfin, la qualité des illustrations, un texte fouillé, de nombreux développements à propos des ingénieurs italiens de l’époque et de nombreuses annexes particulièrement fournies m’amènent à recommander cet ouvrage sans réserve.


Bien cordialement.


JMB

Neuf-Brisach, vue du ciel… « Teaser » pour la visite-conférence du 14 juillet 2017

La place forte de Neuf-Brisach reste profondément méconnue, y compris sur le plan de l’architecture militaire où, sous une apparente simplicité, se cachent nombre de détails d’importance et des strates d’évolution complexes.

La réalisation d’une visite-conférence dédiée aux membre de l’association Archi-Wiki (anc. Archi-Strasbourg) — à l’aune de celles que j’organise régulièrement pour des personnes choisies — est l’occasion de mettre en musique les découvertes les plus récentes issues de nos recherches.

Réalisé à l’aune d’une conférence préparatoire suivie d’une visite très détaillée du site, c‘est aussi l’occasion d’un excellent moment de convivialité !

Bien cordialement. 

Dr JM Balliet

Nota : Vidéo disponible en HD (4k), dans une qualité optimale, à l’adresse de nos pages sur Vimeo.com

Un modèle d’architecture militaire autrichien : Forte Ardietti (Lagerwerk VI) — Place de Peschiera

Le quadrilatère lombard — formé par les forteresses de Peschiera, Mantoue, Legnago et Vérone — est compris entre les fleuves Mincio, Pô et l’Adige. Il réalise le cœur du système défensif de l’Italie du nord constitué par Napoléon durant les guerres de l’Empire. Difficiles à contourner, elles empêchent le mouvement des troupes ennemies dans la plaine du Pô et, sans surprise, ce quadrilatère sera repris, à partir de 1815, par les Autrichiens.

La campagne d’Italie menée par Napoléon III (1859) démontre le caractère obsolète des fortifications bastionnées. À l’aune de ces expériences désastreuses, les Autrichiens renforcent considérablement leur système défensif : une ceinture de forts détachés, peu éloignés les uns des autres vient renforcer la défense des villes du quadrilatère. Vérone compte alors parmi les places fortes les plus importantes d’Europe. Par ailleurs, les débouchés des vallées telle que celle de l’Adige sont barrés de nombreux forts (Rivoli…) auxquels vient s’ajouter le camp retranché de Pastrengo pour couvrir la route menant de Vérone à Peschiera.

Si la conception du fort date de 1853 avec un début de construction dans les années 1856-56 interrompu par le conflit de 1859, les travaux ne reprendront qu’en 1860 avec quelques modifications mineures.

Il s’inspire directement des concepts de la fortification polygonale initiés par Montalembert qui, injustement décrié en France, rencontre un grand succès dans l’espace germanique.

  




Le fort Ardietti (anc. Lagerwerk VI durant la période autrichienne) a été construit en deux temps :

  • Tout d’abord les remparts extérieurs — plateformes d’artillerie —, le mur à la Carnot flanqué par trois caponnières et une casemate couvrant la gorge de l’ouvrage.
  • Ultérieurement, un réduit central de forme presque circulaire complète le dispositif.

Vol du 8 mai 2017 avec l’aimable autorisation de l’association gestionnaire du site… 

Il s’agit du fort le plus important de la place ! Il peut abriter une garnison de plus de 600 hommes et armé de 25 pièces d’artillerie dont 4 pièces modernes (pièces rayées à chargement par la culasse du système Wahrendorf.

En 1866, il passe entre les mains italiennes pour être in fine transformé en dépôt de munitions vers la fin du premier conflit mondial.


Par ailleurs…


Un remerciement très chaleureux tant pour l’immense qualité de l’accueil que pour la disponibilité des membres de l’association qui entretiennent et animent le Forte Ardietti avec amour.


Un ricevimento di ringraziamento qualità caldo e la disponibilità dei membri che mantengono e animano il Forte Ardietti brillantemente.


Balliet J.M.


Le camp retranché de Pastrengo (Vénitie, Italie)

Forte Degenfeld – Escarpe.

En 1859, à la fin de la Seconde Guerre d’indépendance et l’armistice de Villafranca suite, la province de Vérone devient une région frontalière : la Lombardie a été cédée au Royaume d’Italie alors que la Vénétie reste sous le contrôle de l’Autriche.

Cette dernière construit des môles fortifiés — des sortes de camps retranchés — autour de Rivoli (sud de la vallée de l’Adige), Peschiera (sud du lac de Garde) et Vérone.

Le secteur de Pastrengo, situé à l’est de Pechiera, comprend une série de collines dont la situation permet de contrôler la route menant de Vérone au lac de Garde, le débouché de la vallée de l’Adige, la rive droite du lac de Garde et de flanquer l’importante forteresse de Vérone sur son flanc ouest.

Forte Degenfeld – Cour intérieure

C’est la raison pour laquelle, les Autrichiens construisent quatre forts — Degenfeld (Piovezzano),  Benedeck (Monte Bolega), Nugent (Poggio Pol), Leopold (Poggio Croce) — complétés par un télégraphe optique permettant une liaison avec Pechiara et Vérone.

Les travaux débutent au mois de juin 1861. Menés à bon train, ils ne dureront que cinq mois ! Les quatre forts ont été conçus selon les schémas de deux ingénieurs : le colonel Andreas Tunkler et le major Daniel Salis Soglio.

Vue aérienne prise du Forte Nugent en direction du Forte Leopold et de la tour du télégraphe optique.


D’une forme est grossièrement polygonale, ces forts constituent suivant les usages de l’époque une vaste plateforme d’artillerie. Ils ont été construits à l’aide de pierres blanches extraites localement, une forme d’esthétisme apparaît comme une constante. Le sommet rempart, dont l’accès se réalise au moyen de rampes d’artillerie, comprend des banquettes d’artillerie et de traverses. Le massif du fort est ceint d’un fossé en général étroit et peu profond dont l’escarpe et la contrescarpe sont revêtues. L’escarpe est munie de créneaux de fusillade. Le fossé est protégé par une série de coffres de contrescarpe reliés entre eux par une galerie de contrescarpe. Un passage souterrain permet de relier la galerie de contrescarpe au massif du fort. On trouve en outre toutes les dispositions classiques d’un fort pour abriter une garnison d’environ 80 hommes. La collecte des eaux pluviales permettait d’alimenter une citerne.

Après l’annexion de la Vénitie au Royaume d’Italie, ils perdent toute valeur militaire et ne sont plus utilisés que comme des entrepôts du XXe siècle.

Forte Degenfeld (Forte Piovezzano)

Forte Degenfeld — Vue aérienne

Disposé sur une colline surplombant la ville de Piovezzano, il porte initialement du général Degenfeld, un ministre autrichien de la guerre. De forme trapézoïdale, il est orienté vers l’ouest en direction du Lac de Garde. Sur le rempart, il y avait des positions d’artillerie protégées par un mur tandis que d’autres fonctionnaient dans le blockhaus. Outre les positions d’artillerie disposée sur le rempart et tirant à barbette, on trouve également une casemate d’artillerie. En 1866, l’armement était constitué de 12 canons dont 6 pièces rayées. À noter que le logement construit sur le rempart n’est évidemment pas contemporain et de main civile.

Enfin, si le front de gorge est fermé par un rempart relativement mince muni de créneaux de fusillade et d’une classique caponnière double assurant le flanquement de ce front.


Vue aérienne (vidéo – mai 2017)…



Galerie de clichés


Forte Nugent (Poggio Pol)

Forte Nugent (Poggio Pol) aujourd’hui transformé en restaurant. Les fossés ont été comblés, la caponnière de liaison (au premier plan) transformée en sortie annexe !

Forte Leopold (Poggio Croce) 

Assez bien conservé, à l’instar de son homologue, le fort Nugent, il connaît aujourd’hui un nouvel usage comme lieu de restauration. 

Orientation bibliographique

  1. [ARCHIV FÜR ARTILLERIE- UND INGENIEUR-OFFIZIERE – 1876] – NEUMANN (General Lieutnant von), SCHRÖDER (Generalmajor) – Archiv für die artillerie- und Ingenieur-Offiziere des deutschen Reichsheeres. Berlin, 1876.
  2. BORNECQUE (Capitaine J.), BLASEK (Major du Génie autrichien) – Examen du système de fortification dans les principales puissances de l’Europe. Paris, 1882.
  3. BRUNNER (Moriz, Ritter von) – Leitfaden für den Unterricht in der beständigen Befestigung. Zum gebrauche für die k. k. Militär-Bildungsanstalten, Kadetten-Schulen, dann für einjährig-Freiwillige. Vienne, 1880.
  4. MENEGHELLI (F.) – Verona un territorio fortificato. s.l., 2011.
  5. MÖRZ DE PAULA (Generalmajor K.) – Der Österreischisch-Ungarische Befestigungsbau 1820-1914. Vienne, 2006.
  6. SCHEIBERT & PORTH (Kgl. Pr. Major z. D. – k. und k. österr. Oberst) – Illustriertes MILITÄR-LEXIKON für die k. und k. österreichisch-ungarische und deutsche Armee. Berlin, 1897.

Ainsi que… www.bussolengo-vr.it

Le château de l’Ortenbourg (Scherwiller, Alsace)

L’Ortenbourg (ou Ortenberg) est, avec le Ramstein, l’un des deux châteaux qui dominent la commune de Scherwiller (Alsace). Les ruines de ce château médiéval à quelques 437 m d’altitude et réalisent un très bel ensemble d’architecture militaire de montagne du 13e s.


Construit en granit lisse et blanc du plus bel effet, il est dominé par un donjon impressionnant pentagonal de 32 m protégé par un mur-bouclier et complété par un rempart de 17 m muni de trois rangées d’archères et dont la partie sommitale accueillait des hourds. Un profond fossé, creusé dans le roc, sépare le château du reste de la montagne.


Il abritait un logis seigneurial à fenêtres gothiques. L’ensemble était précédé d’une basse-cour. 


À noter, la présence à peu de distance d’un château de siège, le Ramstein, construit à la toute fin du 13e s. par Otton d’Ochsenstein pour servir de base arrière lors du siège du château de l’Ortenbourg.


L’accès au château par Scherwiller demande certes quelques efforts lorsqu’on emprunte le sentier des rochers pour rejoindre la ligne de crête mais les quelques efforts consentis sont à l’aune du magnifique panorama sur la plaine d’Alsace qu’offre le château de l’Ortenbourg !


Vidéo du vol du 29 avril 2017…


Galerie de clichés…

L’Ortenbourg — Vue du sud-est.
Les châteaux du l’Ortenbourg et du Ramstein. À l’arrière-plan, le val de Villé.
Le logis seigneurial. On distingue parfaitement sur la partie haute de l’enceinte, les emplacements recevant des hourds.l
Le donjon pentagonal précédé d’un mur bouclier
La rampe d’accès au logis interromue par un haha et couvert par un tour palière.
Le front nord couvert par un profond fossé creusé dans le roc.
Les larges fenêtres du 13e s. sont disposées au-dessus d’une série de meurtrières (archères) qui couvrent la basse-cour.
Front est du château de l’Ortenbourg
Le château de l’Ortenbourg — Vue d’apex
Le château de l’Ortenbourg — Détail du donjon pentagonal précédé d’un mur bouclier et d’un fossé (vue d’apex)
Vue de l’intérieur du logis
Plan affiché sur le site (corrections et compléments par l’auteur)

Un livre, un jour… Actes du second colloque sur les strates d’occupation militaires et les paysages

Un premier colloque en 2011 portant sur les strates d’occupation militaire dans le paysage — Militärische Schichten der Kulturlandschaft — qui avait connu un grand succès. Dans la suite, un second symposium — Militärische Ü̈berreste in der Kulturlandschaft — avait eu lieu, en février 2015, à l’université de Freiburg i. B. sous l’égide de l’Institut alémanique.

Les actes font l’objet d’une publication qui s’insère dans les annales de l’Institut — Alemannisches Jahrbuch 2015/2016 — sous une forme quelque peu originale pour ce qui me concerne. En effet, Mme le Dr R. Johanna Regnath, m’avait proposé de rédiger mes articles sous une forme bilingue ! Excellente proposition couplée à un sacré challenge qui se devait, bien évidemment, d’être relevé.

Il en résulte deux articles, en français et en allemand, qui se complètent l’un et l’autre, tout en se partageant les illustrations : 

J.M. Balliet « Les strates d’occupation militaire en Alsace entre les deux conflits mondiaux » et « Die Ausbaustufen der militärischen Besatzung im Elsass zwischen den zwei Weltkriegen ».

Par ailleurs, on y trouvera également une excellente contribution rédigée par un fin connaisseur des fortifications allemandes construites dans les années quarante sur le front ouest — le fameux Westwall — et leur devenir : F. Wein « Von der Wiese zum Bunker zur Wiese. Unterschiedliche Wahrnehmungen in Bezug auf die Westbefestigungen 1935–2015 »

Je me dois de remercier ici très chaleureusement Mmes Regnath et Wizemann pour leur appui et leur investissement, non seulement pour ce qui me concerne, mais également pour avoir conduit à son terme la publication de ces annales dont la présentation et la qualité d’impression sont remarquables… Papier couché, joli cartonnage de l’éditeur, nombreuses illustrations en couleur !

Les références de l’ouvrage : Alemannisches Jahrbuch 2015/2016. Jahrgang 63/64. Freiburg, Alemannisches Institut, 2017.

Il contient en outre d’autres articles d’excellente facture bien qu’éloignés du fait militaire et les annales peuvent être acquises auprès de l’institut alémanique. Vous trouverez toutes les informations utiles ainsi que les coordonnées sur le site de l’institut.

Bien cordialement. 

JM Balliet

L’église et le cimetière fortifiés de Hunawihr (Alsace)


L’enceinte du cimetière — probablement a certainement été modernisée aux 15e et 16e s. pour l’adapter à l’usage des armes à feu — prend une forme hexagonale dont chaque angle est flanqué d’une tour semi-circulaire. Chaque tour d’une hauteur de 4 à 7 mètres est percée de trois meurtrières destinées initialement à des arbalètes auxquelles succéderont probablement des couleuvrines à main.



La porte d’entrée du cimetière faisait office de tour-porte : Disposant également de meurtrières, elle se trouvait probablement surmontée d’une grande tour dont on devine les vestiges.

L’église n’est que partiellement fortifiée, son clocher joue le rôle d’un donjon. Il domine les remparts du cimetière et offre une vue étendue sur les alentours. La tour comporte deux étages et dispose de quelques meurtrières.


On ne saurait attribuer à cette enceinte un rôle militaire, elle est bien trop faible. Il s’agit plutôt d’un refuge offrant à la population d’un village trop petit pour justifier d’une onéreuse enceinte urbaine, un abri contre quelques rapines.


Si, dans ce billet, l’accent est placé sur les fortifications, l’église et le village de Hunawihr méritent, quant à eux, par leurs qualités, d’être découverts voire redécouverts !


Bien cordialement. 


J.M. Balliet

Vues aériennes du 22 avril 2017…


Vues aériennes du 22 avril 2017 [vidéo — HD]…

Fort des Basses Perches (Place de Belfort) — 2017

Front d’attaque… Vue sur la citadelle de Belfort (état avril 2017)

Le fort des Basses Perches, un ouvrage de la place de Belfort construit entre 1874-1876 occupe avec le fort des Hautes Perches une position dominante en avant de la citadelle de Belfort.

Sur le plan architectural, ce fort d’une dimension contenue présente un intérêt tout particulier : Jamais modernisé, c’est le précieux témoin de l’un des premiers ouvrages construit par Séré de Rivières suivant le modèle d’un fort à cavalier central (une batterie d’artillerie surmonte les casernements) dont le modèle deviendra toutefois rapidement obsolète. En effet, ce type de fortification, coûteux et long à construire, fut rapidement abandonné.


Malgré sa petite taille — env. 180 hommes et une vingtaine de pièces d’artillerie —, il présente encore d’autres particularités : la présence d’exceptionnels coffres de contrescarpe en maçonnerie à une époque où on utilise encore les caponnières centrales appuyées sur l’escarpe pour défendre les fossés.


Enfin, le site, régulièrement entretenu et remarquablement mis en valeur par l’association éponyme, offre une vue extraordinaire sur la citadelle de Belfort.

Un site à découvrir ou à redécouvrir, comme ce fut mon cas, sans réserve ! 


Vues aériennes (vidéo HD)… vol du 13 avril 2017



Quelques vues statiques…

Vue verticale… en bas, le front d’attaque, en haut, le front de gorge. On distingue parfaitement le cavalier central qui alterne les traverses-bris et les positions d’artillerie (canons de 155 L Mle 1877 et de 120 L Mle 1878) [état avril 2017].
Les deux traverses-abris du flanc droit et leurs positions d’artillerie adjacentes (de G. à  Dte : Mortier de 220 mm, Canon de 120 mm Mle 1878, obusier de 16 cm) [état avril 2017].
Mise en exergue du front de gorge. Le cavalier central surplombe la caserne [état avril 2017].

Etat en 2009 & quelques autres vues : cf. ici