Pendant la guerre de sept ans, le littoral français, tout particulièrement les côtes bretonnes, est exposé à la menace permanente de descentes — i. e. débarquements — de troupes britanniques.
Si la défense du littoral au niveau des zones portuaires est assez bien documentée, il va tout autrement de l’organisation défensive aménagée le long des côtes. D’une construction par nature bien plus fruste, les vestiges sont aujourd’hui peu nombreux. Ils ne permettent d’appréhender l’importance et l’organisation de ce dispositif défensif que difficilement. Les publications sont tout aussi rares et se concentrent plus souvent sur certains dispositifs plus visibles tels que les fours à boulets.
Un précieux témoignage de la main de l’ingénieur Fougeroux de Blaveau nous permet toutefois d’illustrer, de manière concrète et totalement inédite, quelques aspects largement méconnus de la défense des côtes au milieu du 18e siècle.
Bien cordialement.
JM Balliet
Article proposé sous la forme d’un flip-book en suivant le lien ci-après…
À l’occasion de ce centième billet, il me semblait opportun de développer un sujet qui concerne à la fois l’artillerie et les fortifications, savoir : le polygone d’artillerie tel qu’il se conçoit au 18e et au début du 19e siècle.
En effet, au polygone d’artillerie de l’époque correspond, très souvent, un espace dédié situé non loin de l’enceinte de la place forte. Il permet d’asseoir l’instruction des artilleurs dans différentes situations — elles concernent aussi bien l’artillerie de siège que celle de place — en autorisant les indispensables écoles à feu.
Pour illustrer notre propos, on s’appuiera utilement sur l’exemple de la place de Strasbourg : si le « polygone » est aujourd’hui connu de tous les Strasbourgeois comme un aérodrome, très peu d’entre eux font le lien avec le polygone d’artillerie qui le précède !
Bien cordialement.
J.M. Balliet
Article réalisé sous la forme d’un flip-book en suivant le lien proposé ci-après…
Lorsqu’il s’agit de publier, de communiquer dans des colloques ou, plus simplement, au profit de quelques amateurs, éclairés ou non, il importe que le discours soit toujours de qualité en conjuguant la nécessaire rigueur — il convient de maîtriser ses sources — à accessibilité du propos qui doit correspondre aux attentes et niveau de son auditoire.
Certes, on peut, en maîtrisant parfaitement son sujet, arriver à un degré d’abstraction qui n’est pas forcément rédhibitoire mais qui, en pratique, ne conviendra qu’à un public très restreint. En effet, quel que soit le public (et son niveau de connaissances), il ne faut en aucun cas négliger les indispensables interactions entre l’auteur — i. e. le conférencier — et son auditoire : le jeu des questions et des réponses, loin d’être fastidieux, nourrit souvent utilement les deux parties. C’est, in fine, une véritable source de richesse, à mes yeux, la plus essentielle !
On pourrait se satisfaire de cette situation, c’est peu ou prou mon cas car je n’interviens que très ponctuellement et toujours de manière factuelle sur les forums ou les réseaux sociaux.
Pourtant, à l’aune de ce que j’observe depuis plusieurs années, on est inévitablement confronté à une série de dérives qui nous interrogent. Il ne s’agit pas seulement de la qualité des échanges ou des propos que l’on peut observer sur Internet — les forums et autres réseaux sociaux en sont parfois la parfaite illustration — mais aussi de certaines publications qualifiées d’universitaires où, sous prétexte de propos au caractère souvent lénifiant, on assiste à quelques délires intellectuels qui nous laissent parfois pantois.
On pourrait penser qu’il s’agit de deux mondes que tout oppose, pourtant ils adoptent souvent les mêmes travers. Plus particulièrement : une maîtrise insuffisante des sources où il s’agit non seulement de lire (cela semble de plus en plus désuet) mais aussi de comprendre. En résumé… Cela relève, dans un cas comme dans l’autre, du baratin !
Et, s’agissant de baratin, on ne peut manquer d’évoquer la loi de Brandolini qui se définit comme suit : « La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer» (cf. Echosciences – Grenoble)
Pour illustrer notre propos sous une forme imagée, nous nous sommes permis d’adapter, sous une forme abrégée, l’excellente chronique publiée dans la revue Défense & Sécurité Internationale (DSI n°127 janv.-février 2017 p.114) sous le titre « Le prout et la loi de Brandolini ».
« Jusqu’à il y a encore peu, disons dix ou quinze ans, l’avis de votre médecin sur cette toux bizarre comptait plus que celui du cousin Gégé du bar d’en face, surfeur sur le web de son état, à qui, par définition, « on ne la fait pas ». Aujourd’hui, Gégé semble avoir gagné et votre toubib a juste le droit d’être insulté « d’élite déconnectée du vrai peuple ». Ce qui est vrai pour les vaccins — des maladies ont fait leur réapparition — l’est aussi dans notre domaine pour une raison inconnue, les gens ont oublié que l’histoire était complexe et que la méthode scientifique, c’est subtil et repose surtout sur le concept de démonstration.
Bienvenue dans le monde « postvérité » : aujourd’hui, être expert ou lire des livres peer-reviewed — i. e. revu par un comité scientifique —ne sert plus à rien ; avoir un avis, le plus souvent mal informé, suffit, et l’exprimer à la face du monde sur les réseaux sociaux à valeur de légitimité. En effet, il suffit d’offrir un petit lavage de vos connaissances historiques : « Quoi, en plus, il faut savoir faire une ligne du temps pour étudier un conflit ? Ah ben si j’avais su… C’est pas grave, je vais vous faire un alignement de trucs glanés çà et là. Prends ça dans ta face, sale élite déconnectée ! » De fait, le savant ou celui qui cherche à l’être est bien désarmé.
Cela a même été théorisé : la loi de Brandolini stipule que « la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer ». Bref, allez tous mourir avec vos bouquins remplis de nuances, Gégé va s’en nourrir comme autant de munitions au peloton d’exécution de la science comme méthode de progression vers la vérité historique. Ce que ne dit pas la loi en question, c’est comment se tirer de ce bourbier.
Au vrai, la solution existe depuis quelques siècles et s’appelle la méthode. Seulement, c’est plus long et ça implique des efforts. Or Gégé a pas mal de vidéos rigolotes de chats à visionner encore aujourd’hui, ce qui l’empêchera de devenir un véritable expert. Il préférera la voie facile consistant à confondre hypothèse, opinions et faits et ne surtout jamais se remettre en question. Bref, l’affaire n’est pas gagnée et, s’il faut espérer une chose, c’est bien de vous voir lire beaucoup et de ne pas oublier qu’un véritable expert tire une fierté toute particulière de savoir qu’il ne sait pas tout et que chaque question à laquelle il a répondu en appelle bien d’autres. »
Faut-il alors baisser les bras… Certes non, mais la lutte s’avère, dans bien des cas, inégale !
À l’aune de mon expérience — www.artillerie.info a été créé en 2002 et www.fortifications.fr en 2006 — les changements de plateformes de développement se sont toujours révélés chronophages et coûteux… C’est aussi le prix de sites dépourvus de publicités et dont le contenu est intégralement maîtrisé, au bénéfice des lecteurs !
Plus orienté vers des formes de communication, colloque et conférences, et les publications traditionnelles, je n’avais, pendant plusieurs années réalisé qu’une maintenance minimale du contenu alors que la forme semblait convenir. J’avais depuis lors privilégié mon blog qui connaît aujourd’hui un succès important — et étonnant… Plusieurs milliers de visites mensuelles ! — au regard de son caractère spécialisé. Pourtant, inexorablement, le temps a fait son œuvre et l’obsolescence technologique se révèle désormais presque rédhibitoire
Ce n’est que récemment que je me suis résolu, enfin, à changer d’outil de développement pour adopter — c’est le cas, dans un premier temps, de mon site www.artillerie.info — les standards de programmation Web les plus récents. Il s’agit non seulement de s’adapter aux nouveaux logiciels (Webbrowsers) mais surtout aux nouvelles habitudes de lecture : les consultations à partir de téléphones mobiles ou tablettes concurrencent sérieusement l’ordinateur dans sa forme classique.
Désormais, consulter un site internet à partir des plate-formes mobiles se révèle comme un « must ». Les sites se doivent alors d’adopter répondant aux exigences d’un « Web responsive design » (trad. d’une architecture adaptative)… Il n’en va pas seulement du confort des utilisateurs mais surtout de la pérennité des sites !
En effet, la communication via Internet a pris une place importante, pour le meilleur et le pire… Si, un nombre important de sites & blogs n’amènent qu’une valeur ajoutée assez faible — i. e. essentiellement alimentés le plagiat — d’autres se révèlent comme de véritables pépites. Pourtant, nombre de ces sites, semblent condamnés à court ou moyen terme. Deux raisons essentielles me semblent y contribuer :
Utilisant souvent des environnements de développement et d’hébergement tiers, souvent gratuits, la récupération du contenu est souvent très difficile voire impossible. La maîtrise des données hébergées est une condition sine qua non de la pérennité d’une site ;
Les évolutions technologiques, en particulier l’adaptation aux nouveaux moyens de consultation n’est pas toujours assuré… Aujourd’hui les résultats des recherches dans des moteurs tels que Google prennent ces aspects techniques en compte pour hiérarchiser les résultats. Un site sans un flux de visiteur est inévitablement condamné.
Si on trouve, sans peine, nombre de sites technologiquement obsolètes, on peut mettre en exergue le travail remarquable réalisé, qui plus est sous une forme collaborative, par une association strasbourgeoise : www.archi-wiki.org qui peut être également consulté au moyen d’une « app » dédiée sur les mobiles.
Il me semble donc tout à fait adapté d’attirer l’attention des gestionnaires de sites et de forum — au moins ceux de qualité — sur la nécessité de disposer d’environnements adaptés en maîtrisant l’environnement technologique. C’est une condition sine qua non pour que leur pérennité puisse être assurée.
Pour mettre en exergue le caractère « Web responsive », cette courte vidéo illustrant une consultation de mon site refondu à partir d’un téléphone portable… Vidéo à découvrir ici
Il s’agit d’une version revue et adaptée d’un article de vulgarisation publié en 2012 dans la revue de l’Association des Amis du Musée de l’Infanterie. D’une diffusion par nature essentiellement restreinte au milieu militaire, je partage cet article avec vous.
Des études plus approfondies et, par nature, plus techniques ont fait l’objet par nos soins de plusieurs communications lors de colloques internationaux ainsi que de publications essentiellement données en langue allemande (cf. bibliographie).
Domaine d’élection de la vie militaire, les casernes restent paradoxalement méconnues voire ignorées des historiens. La caserne Suzzoni ne représente pas une exception… En effet, quoi de plus anodin qu’une caserne que rien dans l’absolu ne distingue des autres casernes bâties à la même époque ?
Si la caserne Suzzoni est pressentie pour abriter les collections du musée de l’infanterie, cela lui confère pourtant un intérêt tout particulier. Il s’agit, sinon de conter son histoire, mais surtout de replacer ce bâtiment dans le cadre histoire de Neuf-Brisach et de celle des casernes françaises.
Enfin, nos recherches ont montré que le nom a été mal orthographié (« Suzonni ») : erreur de transcription ou faute d’usage ? C’est encore aujourd’hui le cas ! Il s’agissait d’honorer la mémoire du colonel Raphaël de Suzzoni, colonel du 2e régiment de tirailleurs algériens, mort au champ d’honneur le 6 août 1870.
Jusqu’à il y a peu, celui qui s’intéressait au château du Taureau et aux fortifications de la baie de Morlaix ne pouvait trouver son bonheur que dans une publication presque éponyme de G. Lécuillier. Publiée en 2005, cette édition était devenue d’un accès difficile en librairie voire chez les bouquinistes.
L’auteur et son éditeur offrent, en cette fin d’année, une nouvelle édition a été non seulement revue mais également très augmentée. La lecture est très agréable : une succession de chapitres d’une dimension très contenue qui aborde des thématiques très variées. En effet, l’auteur ne se contente ni d’une classique étude architecturale, ni d’une simple narration à caractère historique.
Le choix est très heureux : il devrait ravir le plus grand nombre même si, avec l’œil du chercheur plus spécialisé en matière d’artillerie et de fortifications, on aurait aimé que quelques chapitres soient un plus étoffés et quelques propos précisés. Au regard de la qualité d’ensemble de l’ouvrage, ce n’est toutefois nullement rédhibitoire et ces développements souhaités peuvent aisément trouver leur place par l’intermédiaire de canaux dédiés.
En tout état de cause, il s’agit là d’un ouvrage à mettre entre toutes les mains, du chercheur le plus averti au simple curieux !
LÉCUILLIER (G.) – Le château du Taureau. Baie de Morlaix. Spézet, Coop Breiz, 2016.
À la découverte de la baie du Morlaix et du château du Taureau
Quelques clichés du château du Taureau, aujourd’hui admirablement restauré, souvenirs de notre voyage d’étude en Bretagne Nord [2015]…
Un voyage d’étude ne peut se résumer au seul fait de consommer sans retour… C’est aussi l’occasion d’échanges, souvent fructueux, mais également de retours venant préciser l’un ou l’autre point resté dans l’ombre ou méconnu.
Un bel exemple peut être donné à l’occasion d’un récent séjour en Gironde, plus précisément le verrou de Blaye comprenant outre la très belle citadelle de Blaye, le fort Médoc (un ou
vrage en tous points remarquable) et le fort Pâté.
C’est ainsi, qu’accompagné d’un excellent guide et fin connaisseur du site, le général Daniel Thomas, j’ai pu découvrir le site d’une manière extrêmement détaillée et compléter ce voyage en donnant la solution à l’une ou l’autre question restée jusqu’ici sans réponse.
C’est le cas de deux emplacements connus sur les cartes sous le vocable de « batteries abandonnées » (sic.), en fait des batteries de côte des années 1860 mais sans autre précision. La nature comme période d’usage comme la nature de leur armement restait inconnue !
Si notre étude, présentée sous la forme d’une enquête, apporte un certain nombre d’éléments factuels, tout n’est pas dit. Le sujet peut — devrait — faire l’objet de bien d’autres développements tels que l’exploitation des sources archivistiques telles que celles du S.H.D.
Enfin, les travaux de recherche, même lorsqu’il ne s’agit pas de colloques ou de publications, peuvent également se révéler le prétexte de rencontres heureuses et d’échanges fructueux… Une pensée amicale au président de l’association 1846 — La fortification du XIXe siècle — dont je recommande chaleureusement le blog d’une très haute tenue.
La ville de Saarlouis réalise de très importants travaux de mise en valeur ses fortifications et certaines réalisations peuvent, à mon sens, être qualifiées d’exemplaires.
C’est tout particulièrement le cas du secteur du Ravelin V qui revoit littéralement le jour. On y trouve, entre autres, un escalier d’une conception osée sur le plan architectural : s’il s’intègre parfaitement au site, il présente également une série de traits qui m’ont particulièrement séduits :
Sa conception — une sorte d’escalier-rampe contemporain — lui permet d’être emprunté sans difficulté aussi bien par les piétons que par les personnes à mobilité réduite !
Une autre fonction correspond à celle de tribune permettant d’accueillir un nombre conséquent de spectateurs alors que le fossé sert alors de scène.
Une vraie réussite qui permet d’allier fortifications, architecture contemporaine et… intelligence !
Que cache cette structure faisant également office de table d’orientation et de de support pour des panneaux explicatifs?
… un transformateur électrique !
Les acteurs du projet…
Landschaftsarchitekten HDK Dutt & Kist GmbH, Saarbrücken
Mitarbeiter Thamayanthini Thiruchelvam
Projektpartner IBZ GmbH
Beratende Ingenieure, IBS Sauder GmbH, Tobias Link Lichtplanung
Bauherrin Kreisstadt Saarlouis, Dezernat III – Bauen, Umwelt und Immobilien
À l’aune de visites de fortifications ou d’études de pièces d’artillerie anciennes, j’ai été souvent frappé par le contraste entre l’énergie consacrée au « gros œuvre » — qu’il s’agisse de restaurer des pans de fortifications, une pièce d’artillerie et son affût, etc. — et la mauvaise qualité du rendu final qui correspond essentiellement au travail de mise en peinture.
C’est d’autant plus dommage que travail de restauration sous-jacent, souvent considérable, est mis à mal durant cette dernière phase. Pourtant la maxime bien connue « le diable est dans les détails » devrait conduire les restaurateurs à des réflexions plus abouties dans cette dernière phase, la plus visible !
Les mauvais exemples en la matière abondent… de la peinture de portes blindées style « porte de ferme » jusqu’à l’usage immodéré de la peinture noire à l’intérieur des ouvrages et de la couleur « vert armée » des années 1970 pour des cuirassements du 19e. Pour y pallier, le remède est pourtant simple. Il correspond une approche systématisée et documentée, préalable obligé de toute restauration.
À cet effet, on peut s’appuyer utilement quelques éléments de base :
De nombreux règlements qui apportent leur lot de précisions. Il convient bien évidemment d’en préciser le périmètre d’application dans l’espace et dans le temps. Ils ne peuvent toutefois pas donner une réponse à toutes les questions qui se posent… Il y a parfois un hiatus important entre le règlement et l’usage courant ;
L’analyse de l’objet, préalable obligé avant tout travail de restauration ;
L’étude de vestiges similaires bien conservés représente souvent un apport des plus précieux. C’est tout particulièrement vrai dans le domaine des fortifications où étude quelque peu attentive permet d’éviter nombre d’erreurs ;
Enfin, une source majeure, trop souvent négligée car peut-être d’un accès plus difficile, correspond à l’usage des archives photographiques anciennes ou semi-récentes.
Suivant le type de restauration, certaines ressources seront bien évidemment plus accessibles que d’autres.
Nous ne ferons pas figurer dans ce billet des clichés de travaux moins réussis car il ne s’agit pas de stigmatiser. En revanche, nous illustrerons notre propos à l’aide de quelques clichés portant sur les fortifications et, parce qu’il s’agit d’un sujet assez similaire, les marquages des pièces d’artillerie antérieurs à 1914.