Les cuirassements que l’on peut observer dans le périmètre de la place-forte de Neuf-Brisach correspondent à la période allemande. Ces coupoles ont été installées tardivement, dans les années 1892, et sont disposées au sommet des abris de capitale — Kapitalschutzhohlräume — qui avaient été construits entre 1873-77, puis renforcés entre 1887-1891 par une épaisse couche de ciment spécial.
Ces coupoles rotatives n’offrent qu’un abri tout relatif puisqu’il ne s’agit que d’une protection contre les éclats des projectiles d’artillerie. Par contre, leur disposition permet de couvrir l’ensemble des fronts menacés sans qu’il soit nécessaire de couvrir toute la périphérie de l’enceinte. On les retrouve au niveau des tours bastionnées 1, 3 & 5.
Le treillis métallique offre un appui, mais protège également, le cas échéant, d’une chute au fond du puits de la coupole tout en garantissant l’accès en toutes circonstances puisque le dispositif est aisément démontable, y compris à partir du fond du puits.
Ici l’accès utilise une simple échelle métallique. Le couloir d’accès est par ailleurs interrompu par un épais blindage formant chicane.
Clichés actuels (2018) & copie de quelques diapositives d’une conférence données en 2007.
Breisach und Neubreisach 1870-1918. Zwei Garnisonsstädte im Kaiserreich und Ersten Weltkrieg.
Le musée d’histoire de la ville de Breisach « Museum für Stadtgeschichte, situé presque en regard de Neuf-Brisach propose une exposition temporaire portant sur les importantes garnisons allemandes des villes de Neuf-Brisach et de Breisach qui sont étroitement liées à la tête de pont allemande, puissamment fortifiée, le “Brückenkopf neubreisach”.
Le cadre est prestigieux — la fameuse porte du Rhin (Rheintor) — et les collections du musée mettent par ailleurs les fortifications de la ville en valeur.
S’il ne m’a pas été possible de contribuer à l’organisation de cette exposition, une présentation détaillée de l’organisation défensive du Rhin supérieur et, plus particulièrement, de la tête de pont de Neuf-Brisach sera réalisée sous la forme d’une conférence (qui sera donnée en allemand).
Pour ceux qui y trouverait quelque intérêt, il nous reste à définir la date exacte, mais elle se déroulera probablement au mois d’octobre dans les locaux du Rheintor.
Exposition temporaire — Sonderaustellung : „Breisach und Neubreisach 1870-1918. Zwei Garnisonsstädte im Kaiserreich und Ersten Weltkrieg“.
Alors que le premier fascicule traitait des cuirassements dédiés à l’observation, le présent volume aborde le sujet des pièces d’artillerie sous cuirassement : 6 cm P.T., 6 cm P.T. (l.), 10 cm T.K., 10 cm T.K. (verst.), kz. 10 cm T.K. et le 10 cm K. (i. s. L.).
Il va presque sans dire qu’un ouvrage d’une telle qualité est à recommander sans réserve !
FORTIFIKATION Spezial 8] – D.V.E. Nr. 385 Panzervorschriften Band II/III. Berlin, Interfest, 2018 ; oblong, 196 pp.
Cité dès le 13e s. comme une forteresse impériale permettant de contrôler le débouché de la vallée de Munster en Alsace, il passe de mains en mains jusque vers la fin du 15e s., date présumée de son abandon. Lors de la guerre de Trente ans, le château sera définitivement détruit.
Son enceinte prend une forme grossièrement pentagonale au milieu de laquelle se trouve le donjon.
L’accès semble d’un type unique en Alsace (Mengus et Baldrauf) puisqu’elle s’ouvrait sous la protection du donjon circulaire haut de 22 mètres dont l’entrée se trouvait à 9 mètres de hauteur !
Les logis étaient disposés le long de la muraille et sous le donjon, dans le massif rocheux, était installée une citerne.
Une lumière et des couleurs d’automne… Un autre visage des châteaux d’Alsace
L’entrée très particulière du château du Pflixbourg et le donjon avec un accès haut situé.
Ballade aérienne autour du château (durée 01:40)
Quelques vues prises du fossé entourant l’enceinte.
L’accès au château couvert par le donjon
Enfin, à l’instar du Hohlandsbourg, on peut découvre dans le fossé du château deux accès à un abri allemand construit durant le premier conflit mondial.
Abri allemand dans le fossé (1914-1918)… aujourd’hui condamné
Référence bibliographique : MENGUS (N.), RUDRAUF (J.M.) – Châteaux forts et fortifications médiévales d’Alsace. Dictionnaire d’histoire et d’architecture. Strasbourg, 2013.
Si les Vosges alsaciennes conservent nombre de vestiges du premier conflit mondial, le secteur du col du Linge – Hohrodberg – Col du Wettstein est assurément l’un des plus connu… Peut-être plus par les randonneurs que par les visiteurs intéressés par les tragiques événements du premier conflit mondial.
Circuit Hohrodberg – col du Wettstein
Après une première excursion dans le secteur voisin du Barrenkopf, je vous propose un rapide focus sur les positions françaises proches du Hurlin — un observatoire jouissant, à l’époque, d’une vue privilégiée sur de larges secteurs du front — accompagné d’une petite carte proposant une courte randonnée sans aucune difficulté.
Ce billet est agrémenté par quelques clichés et une vidéo (durée 2 min.) issus de ballades aériennes réalisées aux mous d’août et d’octobre 2017.
Ballade aérienne… Au-dessus de la deuxième crête fortifiée conduisant, entre autres, aux positions sur le Hurlin (durée 2 min. 09).
Portfolio…
ndr : un clic sur l’un quelconque des clichés vous permet de les découvrir dans leur meilleure résolution.
La position se présente comme un entrelacs de tranchées et d’abris aujourd’hui encore parfaitement visibles.
Aujourd’hui, aux affres des combats s’est substitué un lieu d’exception proposant un panorama à couper le souffle…
Entre 1903 et 1905, le ministère de la guerre allemand avait fait rédiger et publier une série de dix fascicules portant sur les cuirassements — coupoles, tourelles et affûts à bouclier — qui équipaient dans les fortifications allemandes contemporaines. Elles ont été réunies dans un recueil marqué « Confidentiel » sous le titre de « D.V.E. Nr. 385 Panzervorschriften ».
Feste Obergentringen (Fort de Guentrange) – juillet 1940 (coll. de l’auteur)
Ce premier opus d’une série de trois ouvrages vient compléter le mémoire sur les cuirassements publiés en 1903 puisque les fascicules ont été réactualisés jusqu’au début du premier conflit mondial. Cette publication réalisée à partir de copies des années 1990 a été parfaitement menée à bien par A. Brüns et l’association Interfest qui mettent ainsi à disposition un document particulièrement précieux pour les chercheurs et les amateurs. Ce premier fascicule porte sur les coupoles et tourelles d’observation du type P.B.T. 94, P.B.T. 96, P.B.St. 96, P.B.St. (l.), P.B.St. 05 et P.B.St. (l.)
[FORTIFIKATION Spezial 7] – D.V.E. Nr. 385 Panzervorschriften Band I/III. Berlin, Interfest, 2017 ; oblong, 95 pp.
À découvrir sur le site de l’association Interfest
Les ballades dans les Vosges amènent souvent le randonneur à se confronter avec l’histoire : des nombreux châteaux forts médiévaux aux vestiges du premier conflit mondial.
Une randonnée récente, nous a amené à (re)découvrir un secteur proche du Linge : Le Barrenkof et le Kleinkopf.
Aujourd’hui encore les stigmates et les vestiges des combats sont omniprésents, à l’exemple de cette portion du front entre le Linge et le Barrenkopf qui a fait l’objet de travaux de mise en valeur il y a quelques années.
Vue aérienne depuis le versant du Kleinkopf donnant sur Munster (cliché Balliet JM, 2017)
Le secteur illustré ici est à peine long de deux kilomètres mais entre le 20 juillet et le 16 octobre 1915, ce fut le lieu de l’une des plus sanglantes batailles de la Grande Guerre dans les Vosges. Elle coûtera la vie à plus de 17 000 soldats français et allemands
Un texte, qui figure a l’entrée des cimetières militaires, réalise une bonne synthèse des événements passés :
« Le 20 juillet la 7e armée attaque le Linge : la 129e D.I. du général NOLLET y prend pied tandis que la 47e D.I. échoue contre le Reichackerkopf. Les assauts recommencent le 22. Les chasseurs progressent vers le Barrenkopf. Le 26, le 30e B.C.A. prend la crête du Linge, le 14e B.C.A. le collet du Linge. Le Schratzmannele oppose une vive résistance, ses défenseurs ne cèdent pas. Le lendemain les Allemands font même quatre contre-attaques. Le 15e B.C.A. prend le Barrenkopf puis le reperd.
Le 29, nouveaux assauts français pour consolider les positions conquises. Le 1er août, les chasseurs (les Diables bleus) attaquent encore au Barrenkopf et au Schratzmannele. Dans tout le secteur du Linge, les actions d’infanterie se succèdent sans répit jusqu’au 26 août, jusqu’à ce que les deux adversaires s’accrochent aux sommets dévastés, séparés par le no man’s land.
Le 31, un violent pilonnage allemand d’obus à gaz s’abat sur le Linge, le Schratzmannele, le Barrenkopf, le Wettstein, long de plusieurs heures. Durant plusieurs jours les combats persistent. Le 9 septembre, des attaquent allemandes au gaz et aux lance-flammes se déroulent au Linge et au Vieil-Armand (Hartmannswillerkopf – HWK) »
À partir de 1916, les Allemands fortifient puissamment leurs lignes qui deviennent ainsi presque inexpugnables.
Le Barrenkopf…
Jusqu’alors masqué par une forêt assez dense, une coupe récente permet de découvrir les nombreux stigmates encore visibles, cent ans après !
Barrenkopf — Premières lignes françaises : les tranchées et les nombreux cratères d’obus sont parfaitement visibles.
Une courte vidéo (vue aérienne) du même secteur :
Vestiges des positions allemandes… Une tranchée et points d’appui parfaitement organisés !
Vestiges de la station du câble transbordeur allemand et de ses abris attenants
Vestiges sur le Kleinkopf… Boyaux, tranchées, abris, observatoire d’artillerie.
Lorsqu’il s’agit de masquer une série d’erreurs dans les choix doctrinaux commis avant le premier conflit mondial, on n’hésite pas à mettre en œuvre un corpus d’opérations de propagande… On conforte ainsi — tout particulièrement au profit de l’arrière — le mythe de la toute-puissance du canon de 75, l’arme de la revanche !
En effet, si ce canon de campagne est assurément une merveille technologique qui surpasse aisément les réalisations contemporaines, tout particulièrement celles de l’Allemagne, il masque les choix malheureux réalisés avant le conflit qui reposent presque entièrement sur cette seule pièce. On avait négligé les avertissements de quelques officiers avertis, Rimailho et quelques autres qui, bien au fait des règlements de manœuvre allemands, souhaitaient que l’artillerie française se dote d’obusiers — aptitude au tir plongeant — voire d’une artillerie lourde — aptitude à l’action lointaine et au tir de contrebatterie —avec de graves conséquences dans les premiers temps du premier conflit mondial.
En attendant mieux, toute une série d’opérations de propagande à la gloire du canon de 75 débutèrent dès la fin de 1914 et durant toute l’année 1915.
De l’action la plus simple… les cartes postales à la gloire du « 75 » et de ses inventeurs
Au livres & conférences…
Une merveille du génie français. Notre 75 [1915]
Il s’agit dans cet ouvrage de mettre en avant les « génie français » mis en œuvre au profit de ce canon. À cet effet, Il comprend une planche hors-texte en couleur comprenant des éléments mobiles — des retombes — permettant d’observer les différents composants de la pièce à l’aide de coupes successives.
En passant par une série de colifichets…
La « Journée du 75 » a été initiée, sous la forme d’une quête au profit des soldats, par le Touring Club de France le 7 février 1915. Devant le succès de la quête organisée au profit du poilu, cette action fut en fait prolongée pendant toute l’année 1915.