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Château du Pflixbourg… Ancien verrou de la vallée de Munster vers l’Alsace


Cité dès le 13e s. comme une forteresse impériale permettant de contrôler le débouché de la vallée de Munster en Alsace, il passe de mains en mains jusque vers la fin du 15e s., date présumée de son abandon. Lors de la guerre de Trente ans, le château sera définitivement détruit.


Son enceinte prend une forme grossièrement pentagonale au milieu de laquelle se trouve le donjon.

L’accès semble d’un type unique en Alsace (Mengus et Baldrauf) puisqu’elle s’ouvrait sous la protection du donjon circulaire haut de 22 mètres dont l’entrée se trouvait à 9 mètres de hauteur !


Les logis étaient disposés le long de la muraille et sous le donjon, dans le massif rocheux, était installée une citerne.

Une lumière et des couleurs d’automne… Un autre visage des châteaux d’Alsace

L’entrée très particulière du château du Pflixbourg et le donjon avec un accès haut situé.

Ballade aérienne autour du château (durée 01:40)

Quelques vues prises du fossé entourant l’enceinte.

L’accès au château couvert par le donjon



Enfin, à l’instar du Hohlandsbourg, on peut découvre dans le fossé du château deux accès à un abri allemand construit durant le premier conflit mondial.

Abri allemand dans le fossé (1914-1918)… aujourd’hui condamné


Référence bibliographique : MENGUS (N.), RUDRAUF (J.M.) – Châteaux forts et fortifications médiévales d’Alsace. Dictionnaire d’histoire et d’architecture. Strasbourg, 2013.

1914-1918 — Vestiges du premier conflit mondial dans le secteur du Linge-Hohrodberg

Si les Vosges alsaciennes conservent nombre de vestiges du premier conflit mondial, le secteur du col du Linge – Hohrodberg – Col du Wettstein est assurément l’un des plus connu… Peut-être plus par les randonneurs que par les visiteurs intéressés par les tragiques événements du premier conflit mondial.

Circuit Hohrodberg – col du Wettstein

Après une première excursion dans le secteur voisin du Barrenkopf, je vous propose un rapide focus sur les positions françaises proches du Hurlin — un observatoire jouissant, à l’époque, d’une vue privilégiée sur de larges secteurs du front — accompagné d’une petite carte proposant une courte randonnée sans aucune difficulté.

Ce billet est agrémenté par quelques clichés et une vidéo (durée 2 min.) issus de ballades aériennes réalisées aux mous d’août et d’octobre 2017.

Ballade aérienne… Au-dessus de la deuxième crête fortifiée conduisant, entre autres, aux positions sur le Hurlin (durée 2 min. 09).

Portfolio…

ndr : un clic sur l’un quelconque des clichés vous permet de les découvrir dans leur meilleure résolution.


La position se présente comme un entrelacs de tranchées et d’abris aujourd’hui encore parfaitement visibles.

Aujourd’hui, aux affres des combats s’est substitué un lieu d’exception proposant un panorama à couper le souffle…

1914-1918 — Vestiges du premier conflit mondial dans le secteur du Linge (Barrenkopf – Kleinkopf)

Les ballades dans les Vosges amènent souvent le randonneur à se confronter avec l’histoire : des nombreux châteaux forts médiévaux aux vestiges du premier conflit mondial. 

Une randonnée récente, nous a amené à (re)découvrir un secteur proche du Linge : Le Barrenkof et le Kleinkopf.

Aujourd’hui encore les stigmates et les vestiges des combats sont omniprésents, à l’exemple de cette portion du front entre le Linge et le Barrenkopf qui a fait l’objet de travaux de mise en valeur il y a quelques années.

Vue aérienne depuis le versant du Kleinkopf donnant sur Munster (cliché Balliet JM, 2017)

Le secteur illustré ici est à peine long de deux kilomètres mais entre le 20 juillet et le 16 octobre 1915, ce fut le lieu de l’une des plus sanglantes batailles de la Grande Guerre dans les Vosges. Elle coûtera la vie à plus de 17 000 soldats français et allemands

Un texte, qui figure a l’entrée des cimetières militaires, réalise une bonne synthèse des événements passés :

« Le 20 juillet la 7e armée attaque le Linge : la 129e D.I. du général NOLLET y prend pied tandis que la 47e D.I. échoue contre le Reichackerkopf. Les assauts recommencent le 22. Les chasseurs progressent vers le Barrenkopf. Le 26, le 30e B.C.A. prend la crête du Linge, le 14e B.C.A. le collet du Linge. Le Schratzmannele oppose une vive résistance, ses défenseurs ne cèdent pas. Le lendemain les Allemands font même quatre contre-attaques. Le 15e B.C.A. prend le Barrenkopf puis le reperd.
Le 29, nouveaux assauts français pour consolider les positions conquises. Le 1er août, les chasseurs (les Diables bleus) attaquent encore au Barrenkopf et au Schratzmannele. Dans tout le secteur du Linge, les actions d’infanterie se succèdent sans répit jusqu’au 26 août, jusqu’à ce que les deux adversaires s’accrochent aux sommets dévastés, séparés par le no man’s land.
Le 31, un violent pilonnage allemand d’obus à gaz s’abat sur le Linge, le Schratzmannele, le Barrenkopf, le Wettstein, long de plusieurs heures. Durant plusieurs jours les combats persistent. Le 9 septembre, des attaquent allemandes au gaz et aux lance-flammes se déroulent au Linge et au Vieil-Armand (Hartmannswillerkopf – HWK)
»

À partir de 1916, les Allemands fortifient puissamment leurs lignes qui deviennent ainsi  presque inexpugnables.

Le Barrenkopf…

Jusqu’alors masqué par une forêt assez dense, une coupe récente permet de découvrir les nombreux stigmates encore visibles, cent ans après !

Barrenkopf — Premières lignes françaises : les tranchées et les nombreux cratères d’obus sont parfaitement visibles.

Une courte vidéo (vue aérienne) du même secteur :

Vestiges des positions allemandes… Une tranchée et points d’appui parfaitement organisés !

Vestiges de la station du câble transbordeur allemand et de ses abris attenants

Vestiges sur le Kleinkopf… Boyaux, tranchées, abris, observatoire d’artillerie.

Le grand canon de Zillisheim — 38 cm SKL/45 « Max » Bettungsgerüst

Cuve du canon de 38 cm SKL/45 de Zillisheim (état avril 2017)

La position de Zillisheim, dont les travaux commencés en septembre sont rapidement menés à bien. Au début du mois de novembre 1915 la plate-forme bétonnée est achevée et la position peu ou prou opérationnelle au premier trimestre 1916.


Cette cuve bétonnée de forme semi-circulaire est aujourd’hui le vestige le plus visible. Sur la partie antérieure — grossièrement la partie faisant face à l’adversaire — est disposé un mur de genouillère. de part et d’autre de la cuve, quelque peu en retrait, sont disposés deux monte-charges.


Vue aérienne à partir d’une clairière récemment aménagée… Un vol rendu très délicat par de les nombreuses turbulences et les arbres très proches !




Position de Zillisheim d’après un document original conservé au Generallandesarchiv de Karlsruhe
Une position très similaire, celle d’Hampont (coll. de l’auteur)
Cuve du canon de 38 cm SKL/45 in Bettungsgerüst — La sellette

Au centre de la cuve on distingue la sellette en acier destinée à recevoir le pivot de l’affût du canon de 38 cm. Une fosse de recul en arc de cercle entoure la sellette était munie d’un plancher amovible permettant de circuler et accéder aux appareils de pointage ainsi qu’à deux abris situés dans le mur de genouillère.

La position achevée présente, outre la position de tir, un ensemble de 3 magasins souterrains comportant au total 3 chambres à obus, 6 chambres à cartouche de poudre, 1 chambre poste de tir.

À l’arrière-plan et à gauche, l’abouchement d’un des deux monte-charges

Une voie ferrée d’armement non protégée longeait une voie bétonnée de 2,20 m de large et d’environ 60 m de long pour permettre le déchargement de munitions et leur acheminement jusqu’à la position de tir.

Vestiges de la voie d’armement.

Ce dispositif très vulnérable était complété par un important réseau de galeries souterraines aujourd’hui encore parfaitement conservé. Il abritait une voie étroite unique desservant trois magasins à munitions et les monte-charges du canon. Il disposait même d’un triangle de retournement facilitant les manœuvres. La capacité maximale de stockage souterrain était de 30 coups. Par ailleurs, un poste de commandement et un local dédié aux transmissions étaient reliés à la branche nord du dispositif souterrain. L’aération est assurée par trois puits verticaux et quatre sorties de secours dont deux d’entre elles ne sont que de simples puits équipés de barreaux métalliques.

Entrée de des galeries souterraines


Niches à munitions – Noter, à ce niveau, le renfort par des traverses en acier

Deux monte-charges permettaient l’alimentation en munitions de la pièce. Ils disposaient de volets qui se refermaient par gravité lorsque le plateau descendait et offraient une protection certes rudimentaire mais certainement suffisante.

 38 cm SKL/45 pourvu ici d’un bouclier

Le canon de 38 cm SKL/45— une pièce de marine développée et fabriqué par les usines Krupp en 1912 — avait une longueur de 45 calibres (env. 17 m.) et le seul tube, pesait 78 tonnes ! Le poids total atteignait 115 tonnes avec un contrepoids d’équilibrage de 11 tonnes. Après chaque obus tiré, le tube était ramené à sa position de chargement (à l’horizontale). Le pointage en direction (azimut) s’effectuait au moyen d’un mécanisme actionné par 16 hommes sous les ordres d’un sous-officier.

38-cm Geschütz, batterie Deutschland ou Pommern (Belgique) (coll. de l’auteur)

La pièce était servie par un détachement de marins qui avaient revêtu, pour des raisons de discrétion, l’uniforme de l’armée de terre. Initialement, l’effectif compte un total de 74 hommes conduit par le capitaine K. von Falkenried. Le détachement sera complété par une compagnie de l’armée de terre assurant la sécurité de l’emplacement et réalisant des manœuvres de force.

Projectile de 38 cm – coll. du MRA (Bruxelles) (cliché de l’auteur)

Suivant les types de projectiles et de charges, la portée maximale oscillait entre 33 km à 38 km avec pour objectif principal, la ville de Belfort et ses importantes infrastructures logistiques. Au total les 44 obus tirés depuis la position de Zillisheim auront causé 14 morts et 25 blessés, en majorité des militaires. Avant même les derniers obus tirés depuis la plate-forme de Zillisheim — au total env. 130 coups —, le haut commandement allemand avait jugé la mission du canon achevée et le canon démonté pour être probablement affecté à une batterie de côte près d’Ostende (Belgique).

Dès le printemps 1916, les plates-formes métalliques démontables et réutilisables développées par Krupp permettaient d’offrir un temps d’installation très réduit, de l’ordre de deux semaines, qui rendaient obsolètes les lourdes et coûteuses plateformes telles que celle de Zillisheim. Par ailleurs l’artillerie lourde sur voie ferrée connaîtra également d’importants développements qui accentueront le caractère désormais désuet d’une telle position statique. 

Orientation bibliographique : Un article fondamental et remarquable par sa qualité… EHRET (T.) – Belfort sous la menace de l’artillerie allemande, 1916-1945. Extrait du n° 92 / 2001. In : Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, 2001, No. 92, p. 89-138. 

Fort des Basses Perches (Place de Belfort) — 2017

Front d’attaque… Vue sur la citadelle de Belfort (état avril 2017)

Le fort des Basses Perches, un ouvrage de la place de Belfort construit entre 1874-1876 occupe avec le fort des Hautes Perches une position dominante en avant de la citadelle de Belfort.

Sur le plan architectural, ce fort d’une dimension contenue présente un intérêt tout particulier : Jamais modernisé, c’est le précieux témoin de l’un des premiers ouvrages construit par Séré de Rivières suivant le modèle d’un fort à cavalier central (une batterie d’artillerie surmonte les casernements) dont le modèle deviendra toutefois rapidement obsolète. En effet, ce type de fortification, coûteux et long à construire, fut rapidement abandonné.


Malgré sa petite taille — env. 180 hommes et une vingtaine de pièces d’artillerie —, il présente encore d’autres particularités : la présence d’exceptionnels coffres de contrescarpe en maçonnerie à une époque où on utilise encore les caponnières centrales appuyées sur l’escarpe pour défendre les fossés.


Enfin, le site, régulièrement entretenu et remarquablement mis en valeur par l’association éponyme, offre une vue extraordinaire sur la citadelle de Belfort.

Un site à découvrir ou à redécouvrir, comme ce fut mon cas, sans réserve ! 


Vues aériennes (vidéo HD)… vol du 13 avril 2017



Quelques vues statiques…

Vue verticale… en bas, le front d’attaque, en haut, le front de gorge. On distingue parfaitement le cavalier central qui alterne les traverses-bris et les positions d’artillerie (canons de 155 L Mle 1877 et de 120 L Mle 1878) [état avril 2017].
Les deux traverses-abris du flanc droit et leurs positions d’artillerie adjacentes (de G. à  Dte : Mortier de 220 mm, Canon de 120 mm Mle 1878, obusier de 16 cm) [état avril 2017].
Mise en exergue du front de gorge. Le cavalier central surplombe la caserne [état avril 2017].

Etat en 2009 & quelques autres vues : cf. ici