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Un livre, un jour… Les cuirassements allemands de la période 1890-1914 (2e vol., 2018)

Feste Wagner (Metz) : 10 cm Panzerturmkanonenbatterie, 10 cm T.K. (Verst.)
Feste Wagner (Metz) : 10 cm Panzerturmkanonenbatterie, 10 cm T.K. (Verst.)

Faisant suite à la publication de l’année antérieure (cf. [FORTIFIKATION Spezial 7] – D.V.E. Nr. 385 Panzervorschriften Band I/III. Berlin, Interfest, 2017), ce deuxième tome a doublé de volume ce qui ne manquera pas de ravir les amateurs d’un document très précieux qui bénéficie d’une qualité de reproduction que l’on peut qualifier, tout simplement, d’excellente.

Alors que le premier fascicule traitait des cuirassements dédiés à l’observation, le présent volume aborde le sujet des pièces d’artillerie sous cuirassement : 6 cm P.T., 6 cm P.T. (l.), 10 cm T.K., 10 cm T.K. (verst.), kz. 10 cm T.K. et le 10 cm K. (i. s. L.).

Il va presque sans dire qu’un ouvrage d’une telle qualité est à recommander sans réserve !

FORTIFIKATION Spezial 8] – D.V.E. Nr. 385 Panzervorschriften Band II/III. Berlin, Interfest, 2018 ; oblong, 196 pp.

Fortifikation-Interfest-Spezial-8

À découvrir sur le site de l’association Interfest

De nombreuses pièces sont aujourd’hui encore visibles, plus particulièrement à Mutzig (Kaiser Wilhelm Feste II), Metz, Thionville…

10 cm T.K. (verstärkt) Kaiser Wilhelm Feste II (KW II) - Batterie B6 en 1940
10 cm T.K. (verstärkt) Kaiser Wilhelm Feste II (KW II) – Batterie B6 en 1940

Kaiser Wilhelm Feste : Batterie 1 (10 cm K.i.S.L.) [1898-1899]

Kaiser Wilhelm Feste : Batterie 1 (10 cm K.i.S.L.) [1898-1899]

Kaiser Wilhelm Feste : Batterie 1 (10 cm K.i.S.L.) [1898-1899]

Balliet J.M. — 21 août 2018

Un livre, un jour… Les cuirassements allemands de la période 1890-1914

Entre 1903 et 1905, le ministère de la guerre allemand avait fait rédiger et publier une série de dix fascicules portant sur les cuirassements — coupoles, tourelles et affûts à bouclier — qui équipaient dans les fortifications allemandes contemporaines. Elles ont été réunies dans un recueil marqué « Confidentiel » sous le titre de « D.V.E. Nr. 385 Panzervorschriften ».

Feste Obergentringen (Fort de Guentrange) – juillet 1940 (coll. de l’auteur)

Ce premier opus d’une série de trois ouvrages vient compléter le mémoire sur les cuirassements publiés en 1903 puisque les fascicules ont été réactualisés jusqu’au début du premier conflit mondial. Cette publication réalisée à partir de copies des années 1990 a été parfaitement menée à bien par A. Brüns et l’association Interfest qui mettent ainsi à disposition un document particulièrement précieux pour les chercheurs et les amateurs. Ce premier fascicule porte sur les coupoles et tourelles d’observation du type P.B.T. 94, P.B.T. 96, P.B.St. 96, P.B.St. (l.), P.B.St. 05 et P.B.St. (l.)

[FORTIFIKATION Spezial 7] – D.V.E. Nr. 385 Panzervorschriften Band I/III. Berlin, Interfest, 2017 ; oblong, 95 pp.

À découvrir sur le site de l’association Interfest

Lorsque les sciences historiques sont confrontées à la dure loi de Brandolini !

Lorsqu’il s’agit de publier, de communiquer dans des colloques ou, plus simplement, au profit de quelques amateurs, éclairés ou non, il importe que le discours soit toujours de qualité en conjuguant la nécessaire rigueur — il convient de maîtriser ses sources — à accessibilité du propos qui doit correspondre aux attentes et niveau de son auditoire.

Sources imprimées… Un "must" pour tout chercheur qui se respecte (coll. & cliché Balliet J.M.)
Sources imprimées… Un « must » pour tout chercheur qui se respecte (coll. & cliché Balliet J.M.)

Certes, on peut, en maîtrisant parfaitement son sujet, arriver à un degré d’abstraction qui n’est pas forcément rédhibitoire mais qui, en pratique, ne conviendra qu’à un public très restreint. En effet, quel que soit le public (et son niveau de connaissances), il ne faut en aucun cas négliger les indispensables interactions entre l’auteur — i. e. le conférencier — et son auditoire : le jeu des questions et des réponses, loin d’être fastidieux, nourrit souvent utilement les deux parties. C’est, in fine, une véritable source de richesse, à mes yeux, la plus essentielle !

On pourrait se satisfaire de cette situation, c’est peu ou prou mon cas car je n’interviens que très ponctuellement et toujours de manière factuelle sur les forums ou les réseaux sociaux.

Pourtant, à l’aune de ce que j’observe depuis plusieurs années, on est inévitablement confronté à une série de dérives qui nous interrogent. Il ne s’agit pas seulement de la qualité des échanges ou des propos que l’on peut observer sur Internet — les forums et autres réseaux sociaux en sont parfois la parfaite illustration — mais aussi de certaines publications qualifiées d’universitaires où, sous prétexte de propos au caractère souvent lénifiant, on assiste à quelques délires intellectuels qui nous laissent parfois pantois.

On pourrait penser qu’il s’agit de deux mondes que tout oppose, pourtant ils adoptent souvent les mêmes travers. Plus particulièrement : une maîtrise insuffisante des sources où il s’agit non seulement de lire (cela semble de plus en plus désuet) mais aussi de comprendre. En résumé… Cela relève, dans un cas comme dans l’autre, du baratin !

Et, s’agissant de baratin, on ne peut manquer d’évoquer la loi de Brandolini qui se définit comme suit : « La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer » (cf. Echosciences – Grenoble)

LA bibliothèque, en fait, une des bibliothèques car le savoir te l'espace occupé par les livres ne connaissent guère de limites (cliché Balliet J.M.)
LA bibliothèque, en fait, une des bibliothèques car le savoir te l’espace occupé par les livres ne connaissent guère de limites (cliché Balliet J.M.)

Pour illustrer notre propos sous une forme imagée, nous nous sommes permis d’adapter, sous une forme abrégée, l’excellente chronique publiée dans la revue Défense & Sécurité Internationale (DSI n°127 janv.-février 2017 p.114) sous le titre « Le prout et la loi de Brandolini ».

« Jusqu’à il y a encore peu, disons dix ou quinze ans, l’avis de votre médecin sur cette toux bizarre comptait plus que celui du cousin Gégé du bar d’en face, surfeur sur le web de son état, à qui, par définition, « on ne la fait pas ». Aujourd’hui, Gégé semble avoir gagné et votre toubib a juste le droit d’être insulté « d’élite déconnectée du vrai peuple ». Ce qui est vrai pour les vaccins — des maladies ont fait leur réapparition — l’est aussi dans notre domaine pour une raison inconnue, les gens ont oublié que l’histoire était complexe et que la méthode scientifique, c’est subtil et repose surtout sur le concept de démonstration. 

Bienvenue dans le monde « postvérité » : aujourd’hui, être expert ou lire des livres peer-reviewed — i. e. revu par un comité scientifique —ne sert plus à rien ; avoir un avis, le plus souvent mal informé, suffit, et l’exprimer à la face du monde sur les réseaux sociaux à valeur de légitimité. En effet, il suffit d’offrir un petit lavage de vos connaissances historiques : « Quoi, en plus, il faut savoir faire une ligne du temps pour étudier un conflit ? Ah ben si j’avais su… C’est pas grave, je vais vous faire un alignement de trucs glanés çà et là. Prends ça dans ta face, sale élite déconnectée ! » De fait, le savant ou celui qui cherche à l’être est bien désarmé. 

Cela a même été théorisé : la loi de Brandolini stipule que « la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer ». Bref, allez tous mourir avec vos bouquins remplis de nuances, Gégé va s’en nourrir comme autant de munitions au peloton d’exécution de la science comme méthode de progression vers la vérité historique. Ce que ne dit pas la loi en question, c’est comment se tirer de ce bourbier. 

Cliché J.M. Balliet
Cliché J.M. Balliet

Au vrai, la solution existe depuis quelques siècles et s’appelle la méthode. Seulement, c’est plus long et ça implique des efforts. Or Gégé a pas mal de vidéos rigolotes de chats à visionner encore aujourd’hui, ce qui l’empêchera de devenir un véritable expert. Il préférera la voie facile consistant à confondre hypothèse, opinions et faits et ne surtout jamais se remettre en question. Bref, l’affaire n’est pas gagnée et, s’il faut espérer une chose, c’est bien de vous voir lire beaucoup et de ne pas oublier qu’un véritable expert tire une fierté toute particulière de savoir qu’il ne sait pas tout et que chaque question à laquelle il a répondu en appelle bien d’autres. »

Faut-il alors baisser les bras… Certes non, mais la lutte s’avère, dans bien des cas, inégale !

Bien cordialement. 

J.M. Balliet

Un livre, un jour… Le château du Taureau & la baie de Morlaix

À la découverte de la baie de Morlaix… le château du Taureau, façade ouest.

Jusqu’à il y a peu, celui qui s’intéressait au château du Taureau et aux fortifications de la baie de Morlaix ne pouvait trouver son bonheur que dans une publication presque éponyme de G. Lécuillier. Publiée en 2005, cette édition était devenue d’un accès difficile en librairie voire chez les bouquinistes.

L’auteur et son éditeur offrent, en cette fin d’année, une nouvelle édition a été non seulement revue mais également très augmentée. La lecture est très agréable : une succession de chapitres d’une dimension très contenue qui aborde des thématiques très variées. En effet, l’auteur ne se contente ni d’une classique étude architecturale, ni d’une simple narration à caractère historique.

Le choix est très heureux : il devrait ravir le plus grand nombre même si, avec l’œil du chercheur plus spécialisé en matière d’artillerie et de fortifications, on aurait aimé que quelques chapitres soient un plus étoffés et quelques propos précisés. Au regard de la qualité d’ensemble de l’ouvrage, ce n’est toutefois nullement rédhibitoire et ces développements souhaités peuvent aisément trouver leur place par l’intermédiaire de canaux dédiés.

En tout état de cause, il s’agit là d’un ouvrage à mettre entre toutes les mains, du chercheur le plus averti au simple curieux !

LÉCUILLIER (G.) – Le château du Taureau. Baie de Morlaix. Spézet, Coop Breiz, 2016.

À la découverte de la baie du Morlaix et du château du Taureau

Quelques clichés du château du Taureau, aujourd’hui admirablement restauré, souvenirs de notre voyage d’étude en Bretagne Nord [2015]…

À la découverte de la baie de Morlaix… le château du Taureau, façade ouest.
À la découverte de la baie de Morlaix… le château du Taureau, la tour Française & l’accès au fort.
À la découverte de la baie de Morlaix… le château du Taureau solidement établi sur son rocher (façade est).
À la découverte de la baie de Morlaix… le château du Taureau, façade ouest.

Le silence cartographique de Vauban – G. Monsaingeon

Reprise d’un billet toujours d’actualité mais publié, en 2008, sur un support maintenant obsolète…

Un petit tour rapide nous a permis de découvrir un article d’une haute tenue et d’un grand intérêt proposé par Guillaume Monsaingeon, auteur, entre autres, de l’ouvrage Les voyages de Vauban… À découvrir & à lire dans la collection Textimage.

Il aborde, d’une manière claire et élégamment illustrée, le travail cartographique de Vauban. L’ensemble est disponible dans son intégralité sur Internet.

Réf. : MONSAINGEON (G.) – Les voyages de Vauban. Paris, Editions Parenthèse, 2007.

Bien cordialement

Balliet J.M.

Un livre, un jour… VAUBAN – Le directeur général des fortifications

Dans son mémoire intitulé « Le directeur général des fortifications », rédigé en 1680, Vauban définit les tâches de chaque responsable. Ce mémoire fait rapidement l’objet d’une première édition pirate en Hollande dès 1685 (éd. Van Bulderen) qui semble avoir été promptement épuisée. Elle est rapidement suivie par une seconde édition proposée par Mœtjens dès 1689.

VAUBAN (Sébastien le Prestre de) - Le directeur général des fortifications par Mosr. de Vauban, Ingénieur général de France, &c. Seconde édition revûē et corrigé. La Haye, Arian Moetjens, 1689.
VAUBAN (Sébastien le Prestre de) – Le directeur général des fortifications par Mosr. de Vauban, Ingénieur général de France, &c. Seconde édition revûē et corrigé. La Haye, Arian Moetjens, 1689.

Dans son épitre dédicatoire, il la justifie comme suit : « Ce petit traité, que je prends la liberté d’offrir à votre altesse sérénissime a voulu paraître il y a quelque temps dans une ville voisine de cet état; mais le grand crédit de l’auteur sans la permission duquel il prétendait se produire en public, plutôt la crainte que l’on conçût que les étrangers en profitassent, l’a fait incontinent (sic.) disparaître. Si bien qu’il a été obligé de chercher ailleurs que dans sa patrie la liberté de se faire voir. […] ».

Cet ouvrage se divise en deux parties. Dans la première, Vauban définit l’organisation par subordination hiérarchique des ingénieurs et détaille les compétences et les tâches de chacun. Il détaille plus particulièrement les fonctions suivantes : directeur général, intendant des fortifications, ingénieur ordinaire, ingénieurs en second, conducteurs et chasse-avants (inspecteurs commis dans les grands ateliers pour diriger les ouvriers, faire marcher les chariots). La seconde partie présente un caractère plus technique : toisé, estimation des dépenses, devis et marchés.

VAUBAN (Sébastien le Prestre de) – Le directeur général des fortifications par Mosr. de Vauban, Ingénieur général de France, &c. Seconde édition revûē et corrigé. La Haye, Arian Moetjens, 1689.