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Balliet — Casernes à l’épreuve de la bombe...
il fallut renforcer ce mur par un épais matelas intérieur en sacs à terre qui avait l’inconvénient de ré- duire la contenance des logements, d’y introduire de l’humidité et qu’il ne pouvait d’ailleurs empêcher la ruine du mur. »
Ultimes avatars des casernes à l’épreuve : les casernes des fortifications de la fin du 19e siècle, système Séré de Rivières.
Alors que la menace des bombardements de l’artillerie, dont l’efficacité s’est accrue de manière presque exponentielle après le conflit franco-prussien de 1870-71, la caserne construite à l’épreuve représente désormais un standard de construction dans tous les pays. En France, dès 1868, dans les forts de Metz, on avait adossé les locaux à un épais massif de terre. Une gaine voûtée enveloppait toute la construction, isolant ainsi des chambres des terrassements. C’est suivant ce dernier type qu’on a construit les casernements des nouveaux ouvrages de défense du système du Séré de Ri- vières (Montmédy — Fig. 17-21) dont les casernements à l’épreuve évolueront encore au fur et à me- sure des progrès de l’artillerie. Il s’agit là de l’évolution ultime des bâtiments construits par Vauban et ses successeurs puisque nombre d’aspects architecturaux restent communs.
Caserne de guerre du système Séré de Rivières13.
Fig. 16 — « Les logements pour les hommes et les officiers, les accessoires du casernement et les magasins sont installés sur le massif des cavaliers des parados. Si l’ouvrage, par suite de sa position, n’est pas exposé à des feux de revers, la façade se développe tout entier du côté opposé aux coups. Si au contraire il peut recevoir des projectiles de tous les côtés (fort isolé), on répartit les locaux en deux groupes de casemates se faisant face et jouant l’un par rapport à l’autre le rôle de parados. Des logements prennent alors jour sur une cour allongée de six à 10 m de large dont les grands côtés sont dirigés de façon à éviter autant que possible l’enfilade. Sur les deux petits côtés de la cour ouvre également des locaux éclairés qui se continuent par des magasins sombres formant culées des ca- semates principales.
Ces casernes casematées sont, suivant les cas, à simple rez-de-chaussée ou bien à un ou deux étages, quelquefois avec sous-sol. Dans tous les cas, elles comprennent une série de chambres transversales couverte par des voûtes en arc ayant 6 m de portée, 1 m d’épaisseur, 1,5 m de flèche, 1,30 m de piédroit ; à chaque étage, l’épaisseur des piédroits augmente de 0,20 m. Des étages sont séparés par des voûtes légères surbaissées en briques (instruction du 10 mai 1875) ; la hauteur sous clé et de 4 m à chaque étage. Les voûtes principales sont extradossées en implant unique avec chape en ciment ou mastic bitumineux, incliné vers les terres et rejetant les eaux d’infiltration dans les cuvettes, situé au pied du mur de fond, qui conduisent aux citernes ou aux égouts. Épaisseur de terre sur ces voûtes est au minimum de 2 à 3 m. En quelques endroits, on inclinait la voûte principale de 1/30e environ vers le fond, de façon à augmenter la lumière diffuse reflétée par cette voûte. Les chambres sont aérées et éclairées du côté de la façade, au rez-de-chaussée par deux fenêtres et une porte vitrée, aux étages par trois fenêtres. À l’autre extrémité, elles ouvrent sur un couloir de 2,5 m de largeur recouvert d’une demi-voûte ou par le prolongement des voûtes principales qui assure les communications et assainit les locaux en les isolant des terres. Il règne à la queue de toutes les ca- semates, à chaque étage, et se retourne autour des locaux des culées, de façon à constituer un pas- sage continu tout autour de la caserne. Il est séparé des chambres par une cloison dans toute la par- tie cintrée est occupée par un vitrage (fig. 17).
13 Gœtschy, p. 109-117.
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